Simon Studer Art | Associés
Prune Nourry
Imbalance #6 Ruxia, 2013
Prune Nourry
Mini Terracotta Daughters (Army), 2013
Prune Nourry
Mini Walking Holy Daughter, 2013
Prune Nourry
Imbalance #1 Haoping, 2014
Prune Nourry
Imbalance #6 Ruxia, 2013
Prune Nourry
Mini Terracotta Daughters (Army), 2013
Prune Nourry
Mini Walking Holy Daughter, 2013
Prune Nourry
Imbalance #1 Haoping, 2014

Prune Nourry

Depuis son diplôme en sculpture sur bois obtenu avec brio à l’école Boulle de Paris en 2006, Prune Nourry, aujourd’hui installée à New York, ne cesse de séduire le petit monde de l’art contemporain avec des projets aussi ambitieux qu’imprévisibles. Au travers de sculptures, installations, performances, photographies et vidéos, la jeune artiste développe ses réflexions sur la bioéthique, les manipulations génétiques ou encore la sélection des sexes. Forte d’une documentation scientifique constituée de lectures, de séminaires et d’interviews de chercheurs, sa démarche artistique se veut autant anthropologique qu’esthétique : « par le détour de l’art, de l’imaginaire, et donc de l’émotion, je cherche à susciter une réflexion qui sera à même de participer à un changement des mentalités ».

Prune Nourry se fait connaître en 2007 avec ses Bébés Domestiques qu’elle confronte aux passants des rues parisiennes. Ces sculptures hybrides mi-chien/mi-nourrisson en silicone ou en résine et revêtues d’une laisse choquent et amusent par leur monstruosité et leur réalisme désarmant. De manière ironique, elle dénonce la fétichisation de l’enfant ou l’humanisation des animaux de compagnie. Ils se présentent également comme le résultat possible des dérives liées à la pratique de la sélection génétique et notamment des manipulations effectuées sur l’embryon dans la quête d’un enfant sur mesure. Le thème de la sélection génétique fait également l’objet de plusieurs performances : Les Diners Procréatifs en 2009, Holy Daughters en 2010 ou encore Le SpermBar en 2011.

Le projet Holy Daughters reconduit les expériences hybrides en proposant des sculptures en bronze mi femme / mi vache. Exposées dans les rues de New Delhi, les œuvres sont soumises aux réactions des passants. Ces sculptures sont une référence directe à l’ambiguïté qui existe en Inde sur l’adoration de la vache, symbole de fertilité, et le rejet de la femme dans une société patriarcale où la sélection des faetus mâles est pratique courante.

C’est en Chine, avec le projet colossal des Terracota Daughters, que les réflexions de l’artiste sur les manipulations génétiques sont poussées à l’extrême. S’inspirant de l’armée en terre cuite de l’empereur Qin enterrée à Xi’an en Chine (IIIème siècle avant J-C), Prune Nourry collabore en 2012 avec des artisans chinois spécialisés dans la copie de ces sculptures. 116 soldats de terre cuite sont créés à taille humaine selon les techniques ancestrales. L’artiste prend pour modèle les portraits de 8 fillettes chinoises orphelines dont les statues originales sont ensuite démultipliées par moulage , puis chaque sculpture est personnalisée et signée par l’artisan créateur. Cette armée de fillettes est érigée à la mémoire des milliers de filles rejetées ou non-nées du fait de la politique de l’enfant unique en Chine. En 2015, l’armée de Prune Nourry sera ensevelie à son tour pour une durée de 15 ans en Chine.

Dans son dernier projet intitulé Genesis, 2013 au Casino Venier de Venise, l’artiste invite plusieurs danseurs à mettre en scène leurs corps, dans des chorégraphies sensuelles, qui deviennent sculptures mouvantes. Dans les vidéos Adam et Eve, l’artiste questionne la relation entre religion et sexualité, amenant des réflexions modernes sur la construction de l’identité sexuelle et du genre.

Prune Nourry revisite les techniques traditionnelles de la sculpture et contribue à son renouvellement. Le corps humain, au centre des réflexions de l’artiste, est à la fois magnifié et déformé. Il se heurte aux problématiques de la place des femmes dans les sociétés actuelles et anciennes.